L’organisme ottavien Français pour l’avenir a célébré son 25e anniversaire d’existence en novembre dernier. La célébration s’est déroulée en présence de la ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, et des fondateurs de l’organisation, John Ralston Saul et Lisa Balfour Bowen.
Fondé en 1997, Français pour l’avenir a comme mission de promouvoir le bilinguisme canadien et d’encourager l’apprentissage du français auprès des étudiants de la 7e à la 12ᵉ année. Dans le communiqué de presse publié pour l’occasion, Français pour l’avenir rappelle que l’organisme rallie à sa cause environ 40 000 jeunes par année grâce à ses multiples programmes de bourses, concours de rédaction et autres forums locaux. Depuis sa création, près de 300 000 jeunes auraient donc participé à ses différents programmes.
La peur de la séparation
À l’origine de la création de Français pour l’avenir : le référendum d’octobre 1995, au Québec. La victoire in extremis (50,58%) des défenseurs du «non» face aux sympathisants du «oui» avec une faible marge de votes montre à quel point la population était divisée sur la question de la souveraineté dans cette province.
«La possibilité d’une séparation politique, culturelle et linguistique du Canada a joué un rôle moteur dans la fondation de Français pour l’avenir», reconnaît sa directrice générale, Emeline Leurent. «La perspective que le Québec se sépare du Canada était extrêmement choquante pour de nombreux Canadiens. À commencer par nos fondateurs, Lisa Balfour Bowen et John Ralston Saul», rappelle-t-elle. «Ces derniers souhaitaient donc poser un geste significatif destiné à rassembler tous les Canadiens et ainsi contribuer à l’unité canadienne.»
Un quart de siècle après le référendum, le bilinguisme demeure une préoccupation importante du gouvernement du Canada. Le 23 janvier dernier, le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté (IRCC), Sean Fraser, a annoncé que le Canada avait atteint ses objectifs de capacité d’accueil d’immigrants francophones, soit 4,44% des 431 645 résidents permanents accueillis au Canada en 2022.
Pour Emeline Leurent, les langues officielles permettent à de nouveaux arrivants qui ne parlent peut-être pas l’anglais ni le français de s’intégrer à la société canadienne. «La mission de Français pour l’avenir est importante et pertinente. Ce travail est toujours et encore nécessaire», insiste Emeline Leurent.
Donner la parole aux jeunes
Le comité Jeunes leaders bilingues est un des programmes phares de Français pour l’avenir. Il a pour mission de créer des projets uniques pour la promotion du bilinguisme au Canada. Composée de huit jeunes leaders, la cohorte pour l’année 2022-2024 développe en ce moment un balado destiné à mettre en lumière la richesse de la francophonie canadienne et internationale.
«Il y a beaucoup de différents accents et de différents argots dans le français du Québec. Des différences historiques aussi entre le français du Québec, de la Nouvelle-Écosse et de la Colombie-Britannique, par exemple», explique Seerat Waraich, élève de 11e année à Abbotsford, Colombie-Britannique. Le but du balado sera de mettre en lumière toutes ces différences et toutes ces nuances. «Il n’y a pas qu’une seule façon de parler français.»
D’après Alisha Aslam, élève de 12e année résidant à Toronto, le balado sera aussi une occasion de rendre le français et la culture francophone plus accessibles. «Le français, comme toutes les autres langues, n’est pas seulement une langue, c’est un mode de vie», assure l’étudiante. «Il y a les repas, la musique, les danses… et on va mettre tout ça en valeur.»
Le balado est encore dans sa phase de développement, mais les jeunes comptent enregistrer entre six et huit épisodes au cours de l’année. Ceux-ci seront disponibles sur toutes les plateformes numériques, y compris sur Spotify et Apple Podcasts.
Bilinguisme et diversité
La Loi sur les langues officielles du Canada a été adoptée le 7 juillet 1969. Selon Statistique Canada, l’anglais est la langue première de 75,5% des Canadiens, tandis que 21,4% ont le français comme langue maternelle. Les langues officielles demeurent les deux langues les plus parlées au Canada, où 9 Canadiens et Canadiennes sur 10 parlent l’anglais ou le français à la maison. Or, la diversité linguistique du Canada continue d’augmenter.
Le recensement de 2021 a révélé que 12,7% de la population canadienne parle une langue autre que le français ou l’anglais à la maison. Même si ce n’est pas très évident au premier abord, il existe un lien important à faire entre la diversité linguistique croissante et la promotion du bilinguisme français-anglais. «On a énormément de jeunes issus de minorités visibles qui participent à tout ce qu’on fait [à Français pour l’avenir]», affirme Emeline Leurent.
«Je pense que c’est vraiment très important pour eux en tant que nouveaux arrivants. Parce qu’ils se font souvent une idée du Canada en tant que pays bilingue. Il est donc important de permettre à ces jeunes de devenir bilingues afin qu’ils puissent bénéficier des nombreux avantages qui en découlent sur le plan professionnel, culturel ou social.»
«Protéger le bilinguisme, ajoute Alisha Aslam, c’est aussi protéger les autres langues, pas seulement le français et l’anglais, mais les langues autochtones, les langues des immigrants.»
«Le bilinguisme oblige à faire preuve d’une grande ouverture d’esprit. Le bilinguisme est une richesse inestimable», affirme Alexandra Snider, étudiante en linguistique à l’Université de Moncton et participante au programme Jeunes leaders bilingues. «Il y a beaucoup d’avantages à être bilingue. C’est non seulement s’ouvrir sur le Canada, mais aussi sur le monde.»