Un fervent défenseur des droits et de la culture des Premières Nations au Canada dit ne pas être du tout inquiet par le nombre record d’immigrants qui s’installent au pays.
Au lieu de cela, le chef Allan Polchies Jr., de la Première Nation Sitansisk (Sainte-Marie) au Nouveau-Brunswick, accueille les nouveaux arrivants avec bienveillance, saluant leur désir d’apprendre les coutumes autochtones et leur engagement à contribuer à l’édification d’une société meilleure.
« L’augmentation de l’immigration ne semble définitivement pas être un problème », confie Polchies à New Canadian Media. « Les Canadiens autochtones soutiennent généralement les immigrants. »
Selon Statistique Canada, une population estimée à 2,2 millions de résidents non permanents surpasse désormais le nombre de 1,8 million de personnes autochtones recensées lors du Recensement de 2021.
Polchies, qui est devenu le premier chef LGBTQ2AI+ du Canada atlantique en 2018, afffirme que la communauté autochtone est plus qu’heureuse de partager sa culture avec les nouveaux arrivants, quel que soit leur nombre.
« Ils trouvent ça captivant parce que ça raconte une histoire », explique Polchies. « Ça nous inspire, en tant que peuples autochtones, à non seulement continuer à célébrer notre culture, mais aussi à nous assurer de la perpétuer pour les sept prochaines générations. » Environ 2 000 personnes résident à Sitansisk, également connue sous le nom de Première Nation de Sainte-Marie, située sur la rive de la rivière Saint-Jean (Wolastoq), face au centre-ville de Fredericton, ce qui en fait la deuxième plus grande communauté Wolastoqiyik au Nouveau-Brunswick.
Erin Kerbel, porte-parole d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, affirme que les histoires des Premières Nations, des Inuits et des Métis sont fondamentales pour le Canada, raison pour laquelle la Loi sur la citoyenneté a été modifiée le 21 juin 2021 pour inclure un serment de citoyenneté actualisé.
« Le serment de citoyenneté mis à jour répond directement à l’Appel à l’action 94 de la Commission de vérité et réconciliation, qui souligne les étapes que le gouvernement canadien doit suivre pour réparer les torts envers les peuples autochtones », précise Kerbel. « Il reconnaît également que les droits autochtones sont inscrits à l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982 et que les [nouveaux arrivants] bénéficient de l’usage historique de ces terres par les peuples autochtones. En récitant le serment, les nouveaux Canadiens s’engagent personnellement à respecter les droits aborigènes et les droits issus des traités des Premières Nations, des Inuits et des Métis. »
Ali Bakhash de l’Association syrienne de Fredericton raconte qu’il a commencé à apprendre en détail sur les peuples autochtones et leurs expériences lorsqu’il a entamé des cours d’anglais après son arrivée au Canada fin 2016.
« Ce sont des gens incroyables ; ce sont des guerriers », dit Bakhash. « Ils luttent encore pour préserver leur culture. Ils doivent encore se battre pour faire connaître leur histoire au monde entier. »
Bakhash estime qu’il devrait y avoir davantage d’événements et d’activités rassemblant les gens afin que chacun puisse en apprendre davantage sur l’autre.
« Je pense que c’est la responsabilité de tous, y compris des peuples autochtones et des immigrants, de se réunir, de s’écouter mutuellement et de donner à chacun la chance de s’exprimer. »
Polchies souligne que les peuples autochtones et les nouveaux arrivants partagent certains problèmes avec le grand public canadien, les deux groupes étant parfois blâmés par d’autres groupes sociaux pour des problèmes non liés.
« Les critiques désignent souvent les réfugiés comme la source d’un problème, ce qui me semble laid et dépourvu de compassion. »
Polchies ajoute qu’il ne faut pas beaucoup d’efforts pour voir les avantages économiques découlant d’une augmentation de l’immigration.
« L’immigration est la clé de la croissance du Nouveau-Brunswick ainsi que du Canada dans son ensemble », affirme Polchies. « Les nouveaux arrivants viennent toujours avec quelque chose à offrir. Vu notre économie actuelle, ils doivent être en mesure de contribuer… que ce soit en Colombie-Britannique, au Nouveau-Brunswick ou à Terre-Neuve. Je vois beaucoup de personnes immigrantes travailleuses en première ligne. Cela me fait me demander ce que font les [autres] Canadiens. Se contentent-ils de croiser les pieds, de profiter des avantages et de se plaindre au gouvernement du Canada que [les immigrants] ne font pas du bon travail ? Qui fait vraiment tout le travail ici ? »
Avec plusieurs immigrants vivant à proximité de la Première Nation de Sitansisk, Polchies indique que sa communauté Wolastoqiyik s’efforce de répondre à leurs besoins en proposant des aliments et d’autres options de vente au détail axés sur la culture.
« Nous en tenons compte et faisons nos recherches et, lorsqu’ils visitent notre épicerie, il y a une section qui propose des aliments qu’ils mangeraient traditionnellement », dit Polchies. « Ils viennent dans notre communauté faire des achats… Ils vont venir nous soutenir. »
Texte initialement publié en anglais. Traduction de Pierre Michaud.